En approchant de la cathédrale Sainte Marie, on ne peut qu'admirer la masse de sa construction, qu'allège heureusement l'élancement de ses quatorze contreforts. Parfaitement appareillés, ils s'amincissent en deux retraites et se terminent par des gâbles à double rampant amortis de pinacles fleuronnés. Avec le bloc pyramidal du clocher-donjon, les contreforts couronnent la montée des toits vers le sommet de la vieille cité, inscrivant la cathédrale dans un inoubliable paysage pyrénéen.
Le portail roman
Depuis le parvis le clocher-tour semble écraser le village. Les hourds en bois, qui furent restaurés pour maintenir à l'ouvrage son caractère défensif, nous rappellent que la cathédrale jouait le rôle de donjon à l'époque féodale. D'ailleurs, n'a-t-on pas comblé le fossé qui séparait son parvis des ruelles de la cité ?
Au-dessus du portail on remarque un arc à l'intérieur duquel apparaît un mur différemment appareillé - il est percé d'un oculus que surmonte un masque de théâtre - et, presque en haut de la tour, une fenêtre en plein cintre à triple voussure accostée de colonnettes. Visiblement, l'édifice roman n'a pas été construit en une seule période. Deux inscriptions furent enchâssées dans la maçonnerie, sur notre droite: Salusius aux dieux mânes d'Andossic, son fils chéri. Sur le retrait de la muraille, on voit aussi la pierre tumulaire de Bernard de Bellan, familier de cette église, décédé l'an du seigneur 1335, le 3 des ides de janvier.
Une ingénieuse explication fournie au XIXe siècle par le baron d'Agos permet de comprendre que l'auteur du bas-relief a mélangé le grec et le latin et invite à lire: TELEO - pour et leo - c'est-à-dire j'apporte... FAR, le gâteau de farine pure, donc la galette des rois... ET MIRON, la myrrhe... ASPRON, la monnaie blanche, or ou argent, prise dans le sens général de métal précieux.
Il paraît tout à fait légitime de reconnaître saint Bertrand dans l'évêque, debout derrière la Vierge, qui nous accueille sur le seuil de sa cathédrale. Car les pèlerins, nous le savons, venaient ici avant tout rencontrer celui en qui se placait leur confiance. Ils venaient donc rendre visite au tombeau de saint Bertrand. Au linteau, de façon plus classique, on peut voir les douze Apôtres.
Le Narthex roman
L'entrée se situe sous le clocher-porche, qui se compose de deux étages couverts de voûtes en arc-de-cloître posées sur huit nervures au rez-de-chaussée - tandis que la salle supérieure n'a que six nervures -. Nous retrouvons ce type de voûtement au porche de la collégiale de Saint-Gaudens, au rez-de-chaussée de la Tour Mauran de Toulouse. Avec les arcs diagonaux du clocher-porche de Moissac et de l'église Saint-Amadour de Rocamadour, nous voyons ici comment les architectes romans du XIIe siècle ont découvert les solutions techniques de l'architecture gothique: une voûte portée par quatre piliers répartissant les poussées d'une croisée d'ogives.
Le contrebutement des voûtes du clocher-porche de SaintBertrand est assuré, comme à Saint-Just de Valcabrère, par des voûtes en quart-de-cercle placées latéralement sur des doubleaux, à l'intérieur de la cathédrale du XIe siècle.
On peut croire que le reste de l'édifice fut mis à l'unisson du clocher-porche au XIIe siècle avec une voûte en berceau brisé - dont la trace est encore visible au revers de ce clocher - contrebutée par des demi-berceaux sur des doubleaux. Mais la reconstruction du XIVe siècle, on le sait, a donné un nouvel espace à la vieille cathédrale en faisant disparaître le chevet, le chur et les voûtes du XIIe siècle.
La nef gothique
Il faut faire abstraction du jubé fermant le chur de la Renaissance pour saisir dès l'entrée l'ampleur et la beauté du vaisseau gothique voulu par Clément V. Il mesure 75 m de longueur, 16 m de largeur pour une hauteur de 28 m. Reconnaissons que la fusion de la cathédrale gothique avec la vieille église romane a été une réussite d'une exceptionnelle qualité. Dépourvue de collatéreaux et de transept, la nef est divisée à partir du porche en trois travées et suivie d'une travée de chur plus étroite précédant la merveilleuse voûte étoilée à huit nervures de l'abside. Le chevet polygonal loge ses cinq chapelles rayonnantes entre les énormes contreforts qui assurent la stabilité des voûtes. Saint-Bertrand de Comminges reste donc bien dans l'esprit des grandes églises gothiques du midi de la France et les additions ultérieures n'ont en rien altéré l'ordonnance du XIVe siècle.
Malheureusement bouchées dans leur partie inférieure, les fenétres étaient autrefois garnies de vitraux du XVe siècle. Seuls subsistent des éléments du XVIe siècle remontés dans les trois fenêtres du centre. Remarquons parmi eux un splendide arc de triomphe. Les autres vitraux sont du milieu du XXe siècle. Les neuf fenêtres du chevet sont surmontées d'un oculus quadrilobé.
Les armes de l'éveque Scot de Linières (1317-1325) figurent à la clef de voûte du chevet avec celles de Clément V - d'argent aux trois fasces de gueules -. Celles de l'évêque Hugues de Castillon (1336- 1352), qui acheva la construction de la nef, se trouvent à la clef de voûte de la dernière travée, à l'ouest. Entre les deux, on voit, à partir de l'est, les armes d'Adhémar de Saint-Pastou - une cloche sur fond de gueules -, celles de Jean de Mauléon - de gueules au lion d'argent- , qui répara la cathédrale au XVIe siècle, ainsi que ses monogrammes O.A.T. - Omnis Amor Tecum -, et E.H.N. - Jehan, prénom de l'éveque- , accompagnés d'un lion surmontant la devise Parx infimis et la date de 1549; enfin à la 4e clef de voûte, coexistent la croix de Languedoc et le lion de Mauléon.
La nef de paroisse
À droite se trouve l'autel paroissial. Après les pillages protestants du XVIe siècle, la chapelle de paroisse fut réorganisée par l'archidiacre Bertrand de Gémit de Luscan, en 1621 sous l'épiscopat de Gilles de Souvré.
De part et d'autre du Christ en croix, au tableau formant la partie haute du retable, sont représentés saint Bertrand et l'archidiacre de Gémit de Luscan. Ils sont en compagnie de la Vierge, de saint Jean, et de saint François d'Assise. La crucifixion est encadrée par des pilastres et des colonnes en bois doré portant un dais plat.
À la partie inférieure, le tabernacle est encadré par deux bas reliefs en bois doré: à droite, les sacrifices de l'Ancien Testament; à gauche, l'Eucharistie. Un parallélisme rigoureux des symboles rattache le culte juif à la Messe célébrée ici.
Le devant d'autel est en cuir de Cordoue. Son décor gaufré et coloré consiste en arabesques mélant les végétaux, les fleurs et les oiseaux.
Le mausolée de saint Bertrand
Le culte des reliques ne doit pas être mis en bloc sous le qualificatif de superstitieux, ni rejeté sans nuance comme une forme détestable du sentiment religieux. Quels que soient les abus auxquels il a donné lieu dans le passé, il faut le mettre ici à l'actif du pèlerinage en soulignant l'amour des Commingeois pour le tombeau de saint Bertrand et le désir qu'ils ont eu de l'entourer d'autres reliques, à partir du moment où la nouvelle nef gothique a été terminée.
Le mausolée de saint Bertrand ne date que de l'épiscopat du cardinal Pierre de Foix (1422-1451). Son neveu et successeur Jean de Foix-Béarn (1466-1501) se chargea de l'achever et d'y transférer les reliques en 1476. On est en droit de penser qu'il a recouvert ou fait disparaître un tombeau plus modeste, probablement construit au début du XIVe siècle, en vue de la cérémonie de l'élévation des restes de saint Bertrand liée au pèlerinage de Clément V, en janvier 1309.
Conçu comme une grande châsse de pierre, le mausolée présente quatre angles amortis par des pilastres terminés en pinacles empanachés, sous lesquels ont été placées des statuettes d'anges.
On est en droit de croire que les deux faces étroites du mausolée avaient été également peintes à la fin du XVIe siècle. S'y trouvent depuis le XVIIIe siècle des toiles dont la mièvrerie choque parfois le visiteur moderne. Elle reprennent quelques uns des principaux récits du livre des miracles de 1179, ce qui prouve bien une adaptation constante, au fil des siècles, aux idées force de la religion populaire.
Un petit couloir, ménagé entre le dos du retable majeur et le tombeau, permet au pélerin de s'approcher au plus près des reliques conservées dans un coffre-fort situé sous le tombeau.
Le tombeau de l'évêque Hugues de Castillon
Il est situé dans la chapelle Notre Dame, côté nord. Ce monument est à coup sûr l'une des plus belles œuvres de l'art funéraire français. L'évêque Hugues de Castillon (1336-1352) est représenté gisant, revêtu des habits épiscopaux, avec la crosse et la mitre. La dalle de marbre noir déborde au-dessus de la cuve qui est divisée en compartiments au milieu desquels évolue tout un monde de chanoines, de CordeIiers, d'acolytes, de clergeons, de nonnes et de laïcs.
Le trésor
Installé dans l'ancienne salle capitulaire, au-dessus des voûtes de la galerie nord du cloître. On y accède par la chapelle haute Sainte-Marguerite, placée au sud de la cathédrale : on peut y admirer deux superbes chapes du XVe siècle et divers objets liés à saint Bertrand, comme son bâton pastoral - plus connu sous le nom de Licorne -.
Le cloître
Le portail et une fenêtre de l'ancienne salle capitulaire subsistent dans la galerie orientale.
La cathédrale sainte Marie fait partie des quatre monuments du site inscrit, au titre des chemins de Compostelle, au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO.